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Mercredi 1er juin 2011 à 0:16

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Il semble que je sois toujours en vie, je me sens faible, lourd et bridé. Comme coincé sous des tonnes de décombres, je suis incapable d’esquisser le moindre mouvement ce n’est pourtant pas l’envie qui m’en manque. Que s’est-il passé ? Que m’a-t-on infligé ? Les images me reviennent, ce nuage blanc rôdant autour de moi, m’effleurant, ces prêtres qui tombent l’un après l’autre et … ce visage. J’ai été scellé. Impossible, impensable …  Une magie humaine ne peut condamner à l’état de statue.

Il y a du vent sur mon visage, d’un seul côté d’ailleurs, mes sens répondent encore. De l’autre côté de mon visage, c’est froid et humide, des fins filaments viennent m’infliger quelques sensations désagréables sur certaines parties de mon visage. Etrange si je suis victime d’un scellement, mes sens auraient du subir une certaine inhibition mais c’est également logique : Je savais qu’ils ne pourraient me sceller entièrement. Je tente d’ouvrir mes yeux, la pression sur mon corps semble de moins en moins forte, je parviens à les ouvrir mais ma vision est fortement troublée, je ne peux rien distinguer pour le moment. Laissons l’habitude se faire. Mes bras commencent à montrer des signes de vie, il semblerait qu’après une courte phase de réveil, je puisse bouger. Tu parles d’un scellement, c’est juste comme un coup de massue, tout au plus. Je place mes paumes sur le sol, je me redresse prudemment, j’aperçois l’herbe qui me titillait le visage, c’était dont ça … Il faut croire qu’on m’a trainé hors de la ville. Debout, je passe ma main sur ma joue gauche, ensanglantée par le frottement de la terre sur ma peau. Autour de moi, tout me parait plus grand que je ne le pensais, je me mets en marche tout en regardant mes mains. Plus de griffes, plus d’ossature imposante, des mains humaines. Mon pas s’arrête brusquement, je frappe sans réfléchir sur le tronc le plus proche avec violence, l’écorce vole en éclat, le bois craque et le sang coule.

«  Aaaah ! »

Un humain, un humain, c’est impossible ! J’ai été scellé dans le corps abject d’un humain ! Comment se fait-il qu’un corps aussi faible soit à même de pouvoir contenir ma puissance et ma rage …

Je continue de frapper le tronc sans relâche, le bois craque sous chacun de mes coups, l’écorce tombe au fur et à mesure des frappes et mon sang vient chaque fois éclabousser un peu plus la chair de l’arbre. Au bout de plusieurs dizaines de coups, je me résous à arrêter là mes envies belliqueuses. Ce n’est pas la force pure et brute qui me rendra ma véritable forme après tout.

Et où suis-je ? Je ne reconnais pas cette forêt, bien que certains diront le ton plein d’humour que rien ne ressemble plus à une forêt qu’une autre forêt mais quand bien même. Quoi qu’il en soit, il faut que j’en sorte, que je trouve un moyen de recouvrer ma forme initiale. Je m’assieds sur une souche, la tête entre les mains, j’ai conscience que je barbouille mon visage de sang mais je m’en fiche un peu, vu la situation. Il va me falloir apprendre les rouages de la magie humaine, m’habituer à la force de ce nouveau corps. Il faudra aussi que …

« Oui ? »

Je relève ma tête, une dague gentiment posée sur ma carotide. Un bandit de grand chemin, il sourit jusqu’aux oreilles, quel imbécile, il a mal choisi sa cible : Je n’ai rien. Ce qu’il est moche en plus avec ses balafres partout sur le faciès et en plus il sent l’alcool. Bigre … ma première mort avait tout de même bien plus de classe, face à une armée entière, la meilleure légion du royaume avait été dépêchée pour me dépecer. Là je vais mourir minablement. Quoi que, pourquoi pourrait-il le faire alors que ce mage n’a pas pu le faire ? Quand bien même il m’aurait achevé après m’avoir scellé que diable ! Allez, je suis sur de ce que j’avance, je ne peux pas mourir face à ce gringalet et à ce qui lui sert d’arme. Je me relève malgré ses menaces et laisse sa dague s’enfoncer tranquillement dans ma gorge. Bien que je ressente la douleur de cette lame qui rentre dans ma gorge je ne sens point mon corps faiblir, la mort ne peut venir me prendre dans ses bras. Je lui appose ma paume sur son poignet, referme calmement ma main attendant qu’il lâche son arme. Lorsque ses doigts se relâchent, j’entends son carpe se briser en plusieurs endroits, j’entends aussi, sans trop y faire attention, un long cri sortir de sa bouche. J’enlève la lame de ma gorge et la lui enfonce dans le foie d’un coup sec, observant son visage devenir blanc peu à peu. Je lâche mon emprise, libérant mes deux mains, je lui applique quelques coups au niveau du visage avant de lui briser la mâchoire faisant valser quelques dents au passage. Je le regarde s’effondrer devant moi, inerte. Il est déjà mort, c’est dommage.

J’observe mes mains, les ouvrent, ferment et répète ce mouvement plusieurs fois, je regarde de plus près mes phalanges qui n’ont plus l’air de faire l’objet des larges plaies de tout à l’heure. Une guérison rapide, c’est comme si je n’avais jamais frappé cet arbre, ce corps n’est pas si faible en fin de compte, je pourrai presque aimer ça. Mon pauvre mage, tu n’auras rien fait qui puisse vraiment me gêner en définitive. Haha !

Je passe mes doigts sur ma carotide, passablement refermée, encore humide de tout le sang qui en avait giclé. Je me penche sur le corps de ce malotru et lui arrache d’un coup sec la dague du ventre, emportant quelques bouts de foies au passage. Charmante visions que voici que voilà … Après réflexion je lui prends aussi sa légère veste en cuir matelassée, je sais bien que je ne crains pas la mort mais bon, je ne suis pas encore masochiste au point d’aimer qu’une épée vienne me traverser de part en part, puis je ne suis même pas sur de survivre coupé en deux. Et je ne suis pas tenté de mettre ce corps trop à l’épreuve pour le moment.

Je range la dague dans le ceinturon que j’ai sur moi depuis mon réveil, j’ai d’ailleurs trouvé ça étonnant, habituellement on est incarné dans un corps nu mais là, à croire qu’il voulait que je passe pour un humain normal et que je vive une vie pathétique. Peu m’en chaut, cette nouvelle vie commence bien, dépêchons nous de trouver une sortie à cette forêt …

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